« Jupiter
dementat quos vult perdere » (Jupiter rend fou ceux qu’il veut
perdre). La maxime latine ne s’applique-t-elle pas particulièrement aujourd’hui
à ceux béats d’admiration devant le jeu des amitiés, sinon des alliances, de la
Russie poutinienne avec la Chine de Xi, avec la Corée du Nord de Kim Jong Un,
avec l’Iran d’Ali Khamenei et donc avec le Hezbollah d’Hassan Nasrallah et
aussi la Syrie de Bachar el-Assad et donc avec le Hamas d’Ismail Haniyeh, et
autres « liders » de ce mouvement (si approuvé par notre Mélenchon),
en villégiature à Dubaï, pendant que le peuple de Gaza qui n’en peut plus de
cette cause et de ses dirigeants périt sous les bombes ou se meurt de
faim ?
Et
nous n’en avons pas fini avec la liste, même sommaire, de ce que les
géopolitologues nouvelle vague désignent sous l’acception très contestable de
« Sud global ». Car il faudrait bien sûr ajouter les pays d’Afrique
tombés dans l’escarcelle de Poutine et par lui placés sous la vigilance de son
extraordinaire « Africa Corps » (nouvelle orthographe politiquement
correcte d’Afrika Korps), ayant pris le relai de la défunte armée
« Wagner ». Tant il est vrai que le dictateur façon Tcheka-KGB a
essayé de mener son invasion barbare de l’Ukraine sur le modèle de celles
accomplies jadis par Adolf Hitler, le frère jumeau hétérozygote de l’immense
exterminateur que fut Staline, ce « petit
père des peuples », aujourd’hui grâce à Poutine plus étatiquement
adulé que jamais au mépris d’un bilan de plus de cent millions de morts en
exterminations et massacres génocidaires tel l’Holodomor ukrainien.
Aux
pays d’Afrique « subjugués », il faut encore joindre ceux de
l’Amérique centrale et de l’Amérique latine, depuis longtemps passés, avec
Cuba, sous la domination castriste, au premier chef, le Venezuela, pays il y a
peu encore aussi riche en pétrole et hydrocarbures que l’Arabie saoudite mais
où les régimes socialistes d’un Hugo Chavez et d’un Nicolas Maduro ont accompli
l’exploit de les amener à la pénurie énergétique et à la misère de la
population.
Nonobstant
tout cela, on rencontre encore quelques officiers d’active de l’armée française
pour admirer la manière dont le poutinisme a su la chasser d’Afrique.
D’autres,
de même acabit, dans l’oubli le plus total du massacre de nos 58 parachutistes
du Drakkar, perpétré le 23 octobre 1983 par le Hezbollah irano-libanais et
allié de la Syrie, n’ont encore que complaisance pour le régime de Bachar
el-Assad assassin de tant de chrétiens libanais et notamment de Maya, le 23
février 1980, la petite fille de Solange et de Béchir Gemayel, ainsi que du chauffeur
et du garde du corps de ce dernier, qui, lui, devait périr avec vingt-trois de
ses compagnons dans l’attentat du 14 septembre 1982 au siège des Kataeb à
Achrafieh, au cœur de Beyrouth. Rappelons ici que cet attentat fut perpétré par
Habib Chartouni, un terroriste du Parti social nationaliste syrien à la solde
des Assad (Hafez puis Bachar), aujourd’hui plus que jamais soutenu par le
régime de Poutine.
Rappelons
donc encore qu’à la connivence centrale actuelle de la Russie, de la Chine, de
la Corée du Nord, de l’Iran, s’ajoute toujours celle du Hezbollah
irano-libanais et de la Syrie en complément de la ramification africaine de
l’armée « Wagner » devenue « Africa Corps ». On mesure ici
la réalité de l’impérialisme eurasiste et néo-stalinien porté depuis un siècle par
l’idéologie pan-slave mais aussi islamique de l’eurasisme dont se sont fait
actuellement les propagateurs les Alexandre Douguine et autres Konstantin
Malofeev, principaux inspirateurs de la vision du monde de Poutine.
N’oublions
pas enfin les relations au troisième degré de la Russie poutinienne avec la
Turquie erdoganienne continuatrice des subtiles roueries de la diplomatie
ottomane. Notons ici sur ce point que la Turquie a soutenu l’Azerbaïdjan dans
sa dernière guerre contre l’Arménie et particulièrement dans sa conquête du
Haut-Karabagh, séculairement arménien, suivi d’une totale épuration ethnique.
Observons que la Russie n’a nullement soutenu l’Arménie contrairement à sa séculaire tradition de protection.
Et
voilà encore que nous avons reçu ces temps derniers une lettre d’un
géopoliticien auto-proclamé nous affirmant combien la Russie constituait « un rempart contre la Chine »
(sic !). Nous lui avons répondu que pour cela, Poutine aurait mieux fait
de renforcer la présence russe en Sibérie plutôt que de vouloir, sans raison,
envahir l’Ukraine.
Plus
récemment, un autre analphabète de la géopolitique que nous ne connaissions
pas, nous avait, dans toute la plénitude de son ignorance, affirmé que Poutine
constituait une barrière face à l’islamisme. Assertion tellement énorme que
nous nous contentâmes de lui envoyer quelques coupures de presse sur l’attentat
islamiste du 22 mars au Crocus de Moscou, attribué à des Tadjiks, à l’évidence
dûment torturés après une arrestation curieusement bien rapide. Mais, faut-il
rappeler ici que l’expansion de l’islam est plus rapide encore en Russie qu’en
France (environ 18 % de la population de la Fédération de Russie et un quart de
celle de Moscou). Il est vrai encore que selon son idéologie eurasiste,
Poutine, comme son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, exalte
régulièrement l’importance de cette composante islamique.
Mais,
le plus affligeant dans la tragédie russo-ukrainienne ne réside-t-il pas dans
la fascination qu’exerce encore le philo-poutinisme dans certaines composantes
du catholicisme de conviction ? Et surtout, dans l’indifférence de trop de
catholiques pour les chrétiens d’Ukraine :
-
que ce soient les orthodoxes désormais presque tous séparés du Patriarcat de
Moscou dirigé par le patriarche Kirille, grand ami de Poutine et, comme ce
dernier, ancien officier du KGB !
-
que ce soient les catholiques (près de huit millions) dits
« Uniates » (de rite « grec-catholique ») qui n’ignorent
pas combien ils seraient à nouveau persécutés s’ils retombaient sous la coupe
de la hiérarchie des clercs césaro-papistes du Kremlin.
C’est
ainsi que, non seulement dans la plupart de nos églises catholiques, on ne prie
pas plus pour les chrétiens d’Ukraine que pour ceux de Chine ou ceux de l’Inde.